Assemblage #13

«Dans le monde du futur,
tout est comme dans le monde d’autrefois,
et pourtant tout est complètement différent.»
Novalis, Le Brouillon Général.

Des restes d’une double catastrophe. Des centaines de petits soleils, des astres décuplés. Des caisses empilées devenues les fossiles d’un monde consumériste. Des fragments d’une mosaïque, signes que l’on ne peut plus déchiffrer. Des murs qui viendraient recouvrir des temporalités oubliées. Des ordinateurs devenus des souvenirs que l’on accroche au mur. Un temps révolu, ou à venir.

C’est le passé du futur et vice versa, c’est le futur du passé. Transpositions d’une ruine anticipée, les œuvres de Néphéli Barbas et Juan Gugger inversent le temps, la matière, les formes. C’est de pleins et de vides, d’envers et d’endroits, de moules et d’empreintes dont il est question dans les œuvres qui composent cette exposition.

Un monde inversé, renversé. Les bétons de carton de Juan Gugger sont l’envers de la forme ou l’endroit de la matière. C’est aussi dans la réciproque que les centaines de points de céramique de Néphéli Barbas composent pour former un fragment d’un symbole. Leur sens est interverti, c’est parfois le recto de la matière, parfois son verso qui compose la surface visible.

Le regard est biaisé, il doit s’inverser pour parvenir à lire les noms inscrits sur les caisses. Comme des inscriptions que des archéologues chercheraient à déchiffrer. L’œil doit supposer inventer imaginer ce qui viendrait à manquer pour assembler le fragmentaire.

Vice Versa, Soleil Double fonctionne comme un anachronisme, un sablier que l’on ne cesserait de retourner, une cassette que l’on rembobinerait en avance rapide.

Mathilde Ayoub, septembre2018