Assemblage #2Â
Possibilités du noir
Les œuvres ch oisies pour Assemblage#2 explorent certaines possibilités du noir.
Dans les oeuvres de Bianca Bondi, de Matias Ercole et de Gladys Nistor, le noir habite une surface considérée comme limite entre deux espaces: l’air et la profondeur, l’œil et le mur, la lumière et l’ombre.
Cette surface noire est éraflée pour laisser voir le blanc qui va construire l’image. Elle est trouée, soulevée comme une peau pour dévoiler une richesse souterraine. Elle est intensément noire jusqu’à se détacher du mur.
Les possibilités du noir sont ici comprises dans son opposition à la lumière comme nature sombre de la couleur.
«Goethe (…) insiste sur la nature sombre de la couleur. Or c’est à ce niveau sombre, lumière obscurcie qui implique noir, (…) que toutes les couleurs vont s’étendre.»
Gilles Deleuze
1 -La Peinture et la question des concepts
Bianca Bondi commence ses dessins sur une surface noire. Les premières traces sont composées de schémas d’astrophysique qu’elle cache ensuite sous une peau de latex qui s’autodétruit. L’action du temps qui ronge cette surface est une des composantes de son travail, sensible aux mutations. Elle fait référence aux transformations qui opèrent la chimie et l’alchimie sur le monde de la matière et de l’esprit.
Les objets du gang de filles sont composés d’éléments métalliques, éléments de ferraille d’un intérieur domestique. Ils portent un prénom féminin, inspiré par des personnages de la culture pop.
Matias Ercole dessine par raclages et rayures d’une surface cirée. Ses dessins se construisent par l’apparition de la surface du papier à travers cette couche noire. Il travaille sur l’idée d’un lieu originel, sans trace d’homme, qui est manipulé par des actions mentales volontaires. Il choisit des images qu’il fragmente et déconstruit jusqu’à ce que l’original soit à peine identifiable. Il s’installe dans la tension créée par cette oscillation entre le naturel et l’artificiel.
Gladys Nistor crée des sculptures en trompe-l’œil où le feutre et la lumière s’assemblent pour inventer un volume qui sort du mur. Des sculptures sans corps, faites de la même matière que le souffle, les mots ou les rêves. Chaque oeuvre cristallise un alignement parfait, une seule et unique rencontre possible : celle de la lumière projetée et du feutre noir générant des figures puissantes et intangibles.
Space in Progress, 17 septembre 2016