« Prolongez une ligne droite vers l’infini :
Que trouverez-vous à la fin ?

-Vous trouverez le début de la même
 ligne droite transformée en une courbe
sujette à tout type de régression. “

La nueva novela. Juan Luis Martínez, 1977.

La continuité de la forme

Arbres tombés, bambous secs, céramique, lin et métal. Matériels fragiles, délicats, parfois solides et rigides. La matérialité est une partie importante de l’œuvre de Martin Kaulen et elle change, se transforme sous nos yeux, adaptant la forme au matériel ou le matériel à la forme. La constante qui relie son travail est toutefois la force des idées, la puissance avec laquelle se structure non seulement l’œuvre en elle-même, mais aussi la manière dont s’articule la pensée qui la motive. L’analyse des sites archéologiques précolombiens, les découvertes scientifiques et l’étude de la géométrie : c’est cette quête de la compréhension qui fait avancer son travail.

Le travail de Kaulen se déroulait précédemment à travers des processus longs et complexes. Ce mode de travail dévoile un langage de composition que l’on retrouve dans ses œuvres actuelles, laissant place à la spontanéité, à l’accélération du processus de production artistique et à une période créative plus malléable qui suit le rythme avec lequel les idées sont engendrées. La répétition et l’étude des constantes, qui fait partie de son œuvre et de sa méthode de travail, reproduit la manière dont la nature se structure, proposant un ordre qui, bien qu’à première vue rationnel, se révèle purement intuitif.

Le travail de l’artiste se déroule par étapes, déclinaisons qui s’enchaînent et qui prennent tout leur sens lorsqu’elles sont assimilées comme un ensemble. Elles ne sont finalement que des phases d’un même processus. Processus qui commence par l’étude des multiples possibilités d’assemblage offertes par le bois dans son état brut. Une œuvre représentative de cette période est Valle ternario , dans laquelle le grain nu du bois est découvert et réorganisé pour offrir une perception nouvelle d’un matériau quotidien. Les formes sinueuses du bois se présentent sous forme d’ondes qui ne terminent pas de s’unir, comme des corps cycliques, concept scientifique qui donne le titre à la série.

La série  Palíndromos , ensemble de sculptures dans lequel contrastent des pièces en céramique et en métal, compose également cette exposition. Organisées à travers la superposition de modules, ces sculptures sont les héritières des études réalisées précédemment sur du bois. Cette fois-ci, elles se lèvent, en faisant un nouvel usage de l’espace et en permettant une appréciation complète des volumes qui les composent. En mouvement constant, elles semblent se prolonger, continuer ailleurs.

Au sein de l’étude sur l’ordre et l’union des corps, qu’ils soient chimiques ou célestes, nous trouvons  Despliegue I , composition en papier de riz qui ne parle plus de l’assemblage des éléments ni des formes, mais plutôt de ce qui reste quand celles-ci se détachent. Les fines incisions sur du papier, précises et nettes, aux accents asiatiques, sont possiblement le résultat de l’incursion de l’artiste en Chine.

Ondes, répétitions, mouvements apparents. Unions entre le rudimentaire et le primitif, transformées à travers des profonds exercices méditatifs. La symétrie, l’équilibre et les proportions produisent un effet hypnotique sur le spectateur qui se sent en sécurité, pour ensuite lui faire perdre ces certitudes et le remplir de questions. Le langage pour y répondre ne se compose pas uniquement de mots.

Almendra Benavente
Écrivaine
Paris, 2019

—————————–A TEXTE EN ESPAGNOL —————————————————–

“Prolongue una línea recta al infinito:
¿qué encontrará al final?
–Se encontrará el comienzo de la misma
línea recta transformada en una curva
propensa a cualquier tipo de regresión.“

La nueva novela. Juan Luis Martínez, 1977.

La continuidad de la forma

Árboles caídos, bambúes secos, cerámica, lino y metal. Materiales frágiles, delicados, a veces rígidos y sólidos. La materialidad es parte importante de la obra de Martín Kaulen y es cambiante, se transforma frente a nuestros ojos, adaptándose la forma al material o el material a la forma. La constante que une su trabajo es sin embargo, el poder de las ideas, la fuerza con que se estructura no sólo la obra en sí misma, sino en cómo se articula el pensamiento que la motiva. Revisión de sitios arqueológicos precolombinos, hallazgos científicos y estudio de la geometría: es la búsqueda por comprender lo que impulsa su obra.

En un periodo anterior, la obra de Kaulen fue llevada a cabo mediante largos y complejos procesos.
Este modo de trabajo desentraña un lenguaje compositivo con el que crea sus obras actuales, dando paso a la inmediatez, a la aceleración del proceso de producción artístico y a un período creativo más maleable que sigue el ritmo con el que las ideas se generan. La repetición y el estudio de constantes, parte de su método y obra, emula la manera en que la naturaleza se estructura, proponiendo un orden que, a primera vista racional, resulta ser puramente intuitivo.

La obra del artista va por etapas, derivaciones que se conectan y cobran sentido al ser entendidas en conjunto. No son sino fases de un mismo proceso. Proceso que en sus inicios comienza con el estudio sobre las múltiples posibilidades de encaje y ensamblaje que ofrece la madera en su estado bruto. Obra representativa de este período es Valle ternario, en la que se presenta la veta desnuda, reorganizada para proponer una percepción distinta de un material cotidiano. Las formas sinuosas de la madera se presentan como ondas que no terminan de unirse, como cuerpos cíclicos, concepto científico que da el título a la serie.

La serie Palíndromos, conjunto de esculturas en que se contraponen piezas de cerámica y metal, forma también parte de la muestra. Organizadas mediante la superposición de módulos, son herederas de los estudios realizados anteriormente en madera. Esta vez se ponen de pie, haciendo un uso nuevo del espacio y permitiendo una apreciación completa de los volúmenes que las componen. En movimiento constante, parecen prolongarse, continuar en otra parte.

Dentro del estudio del orden y la unión de cuerpos, sean químicos o celestes, se encuentra Despliegue, obra en papel de arroz que no trata del encaje de elementos ni formas, sino de lo que queda cuando éstas se desprenden. Finos cortes sobre papel, exactos y prolijos, con guiños orientales, son acaso fruto del paso del artista por China.

Ondas, repeticiones, movimientos aparentes. Uniones entre lo rudimentario, primitivo, transformado a través de profundos procesos meditativos. Simetría, equilibrio y proporciones producen un efecto hipnótico en el espectador que lo hace sentir seguro, para luego despojarlo de certezas y llenarlo de preguntas. El lenguaje para responderlas, no se compone tan sólo de palabras.

Almendra Benavente
Escritora
Paris, 2019