Beyblade Assemblage #37
Romain Jaccoud - Maïa Lacoustille - Javier Carro Temboury

A la manière des Beyblades, toupies ornées de lames, les artistes de cet Assemblage#37 conçoivent l’exposition comme un terrain de jeu.

Beyblade  est le titre d’une série de mangas initié par Takao Aoki, où les participants d’un nouveau sport mondial, le Beyblade, s’affrontent avec des toupies à l’apparence futuriste, Chaque toupie est conçue par son propriétaire, et donc unique. Dans la deuxième saga, Bleyblade-Metal, conçue par Takafumi Adachi, les toupies sont appareillées de lames coupantes qui tranchent tout dans leur passage. Elles sont devenues un jouet emblématique des années 2000, une nouvelle version du jeu archaïque de la toupie.

Dans cette exposition, les artistes se sont emparés de quelques attributs propres à ces toupies suréquipées. Parmi ces aspects : le tranchant, la coupe comme geste fondateur, mais transformée par l’idée de spirale, de tourbillon, qui s’applique à la circulation d’idées et de concepts à l’origine de leurs procédés.

Javier Carro Temboury applique une découpe précise à des récipients chinés aux marchés aux puces. Les formes concaves, rondes, des corps d’argile se succèdent, interrompues par ce qui pourrait être une ligne sans fin: une promesse d’emboîtement. Cette coupe met fin à leur fonction initiale qui est celle de contenir des denrées alimentaires. Elle va rapprocher ces pièces, issues de différentes origines géographiques, empreintes des marques d’usage et des savoir-faires spécifiques.

Au sein de cette nouvelle union, Carro Temboury spécule : retrouverait-on, par l’alliance de ces fabrications aux origines éparses l’idee d’un ancêtre commun, d’un premier contenant en céramique?

Le recours à l’usage de formes usuelles se trouve également dans le travail de Romain Jaccoud. Il s’empare de signes issus du design publicitaire et de la propagande qui s’imposent dans notre univers visuel et sémantique. Il déconstruit l’image iconique du drapeau américain et de ses étoiles, qui en barricade la vitrine et font pénétrer notre regard dans une contre-forme absente et déchue qui révèle l’espace de l’exposition. Les flammes présentées en pochoirs plastifiés simulent un vandalisme DIY où la peinture aérosole, signe de la démocratisation technique de la peinture et de son usage domestique, dérape et déborde. Dans un état de frustration constante, la guerre des signes éclate dont les traces de l’artiste mettent en scène la toxicité.

Maïa Lacoustille opère une coupe entre le dedans et le dehors des objets, pour nous laisser voir l’ intérieur de contenants qui révèlent des formes aux réminiscences de momies enfantines. Ici, la coupe dévoile ce qui ne devrais pas être vu, ce qu’on découvre à l’intérieur une fois l’objet ouvert, comme dans une autopsie ou dans un exercice de paléoanthropologie. L’objet coupé horizontalement se divise en deux morceaux, un couvercle et une cuve, deux coquilles qui abritent un corps gisant sur le dos, la forme taboue d’un enfant mort. A l’intérieur d’une des cuves, des barquettes en aluminium indiquent un corps creusé, vidé pour faire boite, enceinte de l’autre momie, sarcophage de sarcophage. Ou encore, le procédé de salaison du jambon est apparenté à une technique de momification contemporaine.

Beyblade propose un assemblage de procédés de découpes au sein d’une arène factice. Les artistes y jouent de différentes technologies et en questionne leurs usages au sein de notre société contemporaine …

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