Julio accueille un projet indépendant avec la commissariat d’ Anthony Ong
Faites vos jeux, rien ne va plus avec Mona Young-eun Kim, Peter Lökös et Alice Saadi
Dates: 25 janvier – 2 février 2025 de 14h à 20h
Vernissage vendredi 24 janvier de 18h à 22h
Trois artistes – Mona Young-eun Kim, Peter Lökös et Alice Saadi – ont été invités à investir cinq maisons de poupée dont deux de manière collective, transformant ainsi ces jeux d’enfant et pièces de collection en véritables espaces d’exposition autonomes.
Les maisons de poupée n’ont cessé d’évoluer au cours des siècles. Initialement conçues comme des objets artisanaux d’apparat pour riches familles aux XVIᵉ et XVIIᵉ siècles, elles deviennent des outils pédagogiques pour enfants aux XVIIIᵉ et XIXᵉ, avant d’être popularisées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Nous pourrions même citer les maquettes de commerces, temples et jardins retrouvées dans la tombe de Méketrê, haut dignitaire de l’Égypte antique. Peut-être deviendront-elles, en ce siècle, des lieux d’exposition à part entière, accessibles et modulables, pour l’art contemporain.
Objets hybrides, les maisons de poupée sont à la fois vitrines d’objets miniatures et espaces de projection offrant d’infinies possibilités (narratives, physiques, mentales et spatiales). Ce projet curatorial s’appuie sur cette double fonction essentielle, commune aux différents styles, pays, marques et époques.
C’est ainsi que nous sont proposés des univers particuliers et variés, mystérieux et magnétiques, qu’il nous faut pénétrer par un engagement du corps et de l’esprit. Réminiscences du passé, méditations sur le présent, spéculations sur l’avenir : les maisons miniatures investies par les artistes sont le théâtre de projections, de réflexions, de problématiques et désirs propres, intimement liés au temps et à la condition humaine. Installations, vitraux, peintures et assemblages se déploient avec une grande diversité de sens, de formes et de matières. Une figure se répète néanmoins sous différents aspects : celle du vivant. Qu’il soit absent (Alice Saadi), biologique (Peter Lökos) ou social (Mona Young-eun Kim), il dit des choses du monde, remet en cause des certitudes. Lesquelles ?
Les œuvres et maisons de poupée, par la réduction d’échelle et l’attention portée aux détails, invitent le public à réévaluer sa perception des petites choses du quotidien : les rayons du soleil posés sur la peau, le moelleux du lit sous le poids du corps, le parfum des plantes coupées sont-ils aussi innocents qu’ils en ont l’air ? Sont-ils porteurs de bonheur ou signes de drame, simples effets physiques ou chargés de symbolique ?
En écho aux cinq maisons et à leurs fonctions, le public est appelé à réaliser ses propres œuvres d’art miniature et à jouer le rôle de commissaire d’exposition au sein d’une sixième maison. “Faites vos jeux, rien ne va plus” s’adresse à la fois aux artistes et aux visiteurs.
Géants, nous sommes face aux œuvres de petites dimensions ; Lilliputiens, par un regard attentif, nous devenons. Pour rester fidèle à l’esprit ludique et immersif de ces micro-architectures, les trois textes qui suivent, nourris par les échanges avec les artistes, reprennent les codes de la narration afin de laisser une plus grande place à l’interprétation.
Anthony Ong
Avec humour et décalage, Mona Young-eun Kim nous convie à une réflexion sur l’absurdité des normes (physiques et sociales), en jouant sur les ruptures d’échelle. Les nouvelles technologies comme l’impression 3D, les références à la science-fiction, la mise en scène d’un futur dystopique habité par des personnages transformés questionnent notre modèle de société actuelle et ses futurs possibles. Artiste plasticienne, elle est diplômée de l’École des Beaux-Arts de Montpellier et enseigne à l’École d’art et de design de Reims. Ancienne résidente de la Cité internationale des arts, du Simplon ou encore de la Gaîté lyrique, elle a présenté son travail au Frac Île-de-France, à la Fondation Fiminco et dans de nombreux espaces non-conventionnels (terrain de sport, marché, kebab entre autres).
Alice Saadi, inspirée par ses souvenirs et moments passés dans le sud de la France, révèle avec une très grande délicatesse la poésie des lieux désertés, entre présence et absence, fiction et réalité. Le sable qui file entre les mains, le linge fossilisé, les plantes vivaces visibles ou encore l’eau qui coule de la baignoire et les housses de protection aux couleurs artificielles et modelés subtils présentés pour ce projet sont autant de mises en scène sensibles qui interrogent nos perceptions et expériences personnelles. Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Montpellier et de l’École de recherche graphique de Bruxelles, Alice Saadi a travaillé avec le studio Hans op de Beeck et le duo d’artistes Sarah & Charles en Belgique. Son travail a été présenté au Centre international d’art contemporain Netwerk (Belgique), à la Cité internationale des arts, aux Arches Citoyennes, à la Fondation Fiminco ainsi qu’au Centquatre où elle a créé un projet pédagogique en collaboration avec la Fondation d’entreprise Hermès.
Le travail de Peter Lökös est à l’intersection de l’art et de la science. Sa pratique artistique est empreinte de poésie. Des associations d’images et d’idées émerge un propos sur la réalité tangible et sensible. Engagé dans une recherche sur la boucle de la vie et ses métamorphoses, il interroge et met en lumière des phénomènes scientifiques visibles et invisibles, ordinaires mais méconnus. Peter Lökös est diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts d’Annecy et Montpellier. Il a été en résidence à la Cité internationale des arts en partenariat avec le Montpellier Contemporain (Mo.Co), à Échangeur 22 et au Cirva. Il a présenté son travail aux Ateliers Babioles, au Mo.Co et en galerie.
Commissaire d’exposition indépendant, Anthony Ong s’intéresse aux conditions de création et d’exposition in situ et à l’interdisciplinarité dans l’art contemporain. Il investit pour ses projets des espaces alternatifs a priori éloignés de l’art contemporain (ateliers de couture, ancienne église, espace de co-working, maisons de poupée…). Diplômé d’un master en histoire de l’art (Sorbonne Université) et d’un master en management de la culture (Université Paris Dauphine), ses recherches ont porté sur les relations entre art et politique en Chine après 1949 et le soutien à la création émergente en Ile-de-France.